Outaouais
Aylmer, trésor caché
La Presse
Quelle étrange chose que la ville de Gatineau ! Est-ce vraiment une ville, au fait ? Plutôt un amalgame de localités aussi disparates que dispersées ; une greffe opérée dans le grand mouvement de fusions municipales de 2002 et qui, peut-être encore moins que les autres, n’a jamais vraiment pris – du moins dans le cœur et l’âme des gens d’Aylmer.
On lui trouve instantanément un charme unique, à cette petite ville qui refuse d’être « ex ». Elle a de ces allures typiques des localités anglo-saxonnes, où les maisons anciennes ont gardé leurs dentelles, leurs belles robes – leur charme, quoi. On pense à Hudson, près de Montréal, ou à certaines villes des Cantons-de-l’Est, voire de la Nouvelle-Angleterre.
Amoureux de patrimoine architectural, voici du bonbon ! Sur un petit kilomètre, le « carré patrimonial » (qui est en fait un rectangle) rassemble une collection de bijoux. Demeures bourgeoises de style Queen Anne, victorien ou géorgien, modestes maisons en pièce sur pièce qui remontent au temps de la colonie, habitations ouvrières en brique rouge, toutes admirablement préservées, se succèdent le long de la rue Principale et dans les rues avoisinantes.
Même l’humble pizzeria Heritage (44, rue Court), qui semble n’avoir pas changé depuis 60 ans, a un charme indéfinissable. On marche comme ça tout doucement, en s’arrêtant ici et là pour admirer l’un des 20 bancs-sculptures créés par des artistes de la région, jusqu’au bord de la rivière des Outaouais.
Devant la marina, où tintinnabulent les haubans de dizaines de voiliers, se dresse un imposant bâtiment de pierre. C’est l’auberge Symmes, construite en 1831 sur un débarcadère naturel qui était déjà un lieu de passage pour les Anishinabeg.
Presque miraculeusement rescapée après une suite d’incendies, d’abandons, de déprédations et, pour finir, de remarquables travaux de restauration, elle abrite un intéressant musée sur l’histoire de la région.